Jean-François, maitre E et ambassadeur Lalilo
Échanges avec Jean-François, qui a choisi d’aider les élèves en difficulté en intervenant en RASED. Une personnalité forte qui cherche par tous les moyens à faire réussir tous les élèves !
Quel type d’élève étais-tu ?
J’étais très intéressé par tout ce qu’il se passait en dehors de l’école (je voulais comprendre comment les choses étaient faites du point de vue technique). Bref, plein de choses m’intéressaient mais je ne travaillais pas beaucoup, je n’étais pas un super bon élève ! Je sais ce que ressentent les élèves que j’aide aujourd’hui.
Si tu avais une baguette magique, comment t’en servirais-tu ?
Je réduirais le temps de travail pour tout le monde pour qu’on puisse passer plus de temps à faire autre chose, voire même à ne rien faire 😉
Si tu pouvais parler une heure avec le ministre de l’Éducation nationale, que lui dirais-tu ?
Je ne lui parlerai pas. Je l’emmènerai avec moi pour aller travailler dans les écoles avec les élèves en difficulté.
Que trouves-tu passionnant dans les décennies à venir (un sujet qui te passionne) ?
Il y a 2 choses qui m’intéressent : comment faire une transition dans l’agriculture raisonnée (faire pousser des choses sans mettre des produits chimiques) ; comment transformer les technologies pour qu’elles nous rendent la vie meilleure et qu’elles deviennent invisibles (sans avoir le nez sur un écran toute la journée).
Qu’est-ce qui doit changer dans l’éducation ?
La formation des enseignants : il faut qu’elle soit assise sur un désir partagé. Il est nécessaire de revenir à l’essence de notre boulot : on est là pour former des citoyens libres et éclairés.
Comment le faire changer ?
Par la volonté politique. Si l’école est une priorité, on veut des preuves, pas uniquement des discours.
Quel est ton parcours d’enseignant ?
J’ai commencé l’enseignement à 28 ans. Avant, je vendais des voitures. J’ai fait 2 ans à l’IUFM, j’ai passé 3 ans en classe ordinaire et je me suis spécialisé pour devenir Maitre E (enseignant spécialisé pour les aides à dominante pédagogique). Puis j’ai fait une incursion à la MGEN en détachement pendant 3 ans (directeur adjoint d’une agence, formation d’adultes, recrutement). L’enseignement me manquait. Cela fait 15 ans que je suis revenu en RASED.
Que préfères-tu dans le métier de professeur ?
Faire du sur-mesure (je n‘ai jamais 25 cahiers à corriger). J’ai les mêmes compétences à faire acquérir à mes élèves mais davantage de chemins possibles. Mon job, c’est un travail d’artisan.
Des petites victoires dont tu es fier ?
Pendant longtemps, je ne voyais pas trop les choses bouger. Et j’ai eu un jour une élève qui réussissait partout, sauf en maths. Comme mes collègues, je percevais en elle une grande intelligence mais c’était la catastrophe en maths. J’ai réussi à lever ce blocage. Elle est aujourd’hui devenue une adolescente accomplie. Je l’ai croisée il y a peu de temps, elle m’a dit : “c’est grâce à vous !”. Et moi, grâce à elle, j’ai changé ma pédagogie pour enseigner et démystifier les maths (il y a plein de sous-entendus qui doivent absolument être explicités : les chiffres parlent de quantité par exemple ; le mystère de Pi…). Je crois qu’elle m’a fait comprendre ce que j’avais vécu dans ma scolarité.
Quelle est ta classe préférée ? Pourquoi ?
J’ai une prédilection pour le CP parce que les élèves apprennent à lire. Et ça c’est magique !
Qu’est-ce que tu ne voudrais pas que tes élèves découvrent ?
Je ne voudrais pas qu’ils sachent que si le hasard avait mis la grammaire comme épreuve à l’IUFM, je ne serai jamais devenu instituteur. Comme quoi, s’appuyer d’abord sur ce que sait faire l’élève pour pouvoir construire le reste !